Bonne année 2022

  La rédaction du Bourdon nippon vous présente ses meilleurs vœux pour cette nouvelle année. Dans le contexte actuel, difficile de vous souhaiter autre chose qu'une robuste santé tout à la fois physique et mentale. En effet, la pandémie de la Covid-19 n'a pas vraiment rebattu les cartes. Elle a simplement accentué les contrastes et les inégalités à toutes les échelles géographiques. Dans le meilleur des cas, la maladie a permis l'accélération de nouvelles tendances en lien avec l'isolement des personnes comme le recours accru au télétravail et l'expansion fulgurante des services de livraison à domicile. Ce constat va à l'encontre de l'idéal de construction de sociétés formées de citoyens éclairés c'est-à-dire d'individus conscients de leurs actions au service de l'intérêt général ; bien au contraire...

   En effet, l'idiotie progresse. Au sens grec du mot à savoir ἰδιότης ; l'idiot désigne le « particulier », celui qui ne pense qu’à « son intérêt propre », τὰ ἴδια, et vote en conséquence, pour une réduction d’impôts. Les Grecs considéraient que le citoyen assez borné pour n’examiner que son intérêt propre ne méritait pas son droit de vote et mettait en péril la démocratie. Le XXIe siècle n'a donc rien inventé. L'égocentrisme aveugle qui met en péril les libertés collectives, l'idéal des trois valeurs françaises de liberté, égalité et fraternité ainsi que l'avenir de notre planète se généralise. J'ai d'ailleurs pu le constater dans ma propre famille réunie à l'occasion des fêtes de fin d'année. La paresse intellectuelle souvent associée à celle du corps est grandement facilitée par l'utilisation immodérée des contenus audiovisuels. La technologie portable érode la place du savoir, perturbe le débat d'idées et individualise les comportements. Conceptuellement, ma famille est devenue une juxtaposition de foyers c'est-à-dire de micro-cellules familiales. L'affaiblissement, la pulvérisation et la déstructuration de la gens romaine (groupe familial honorant la mémoire d'un ancêtre commun) poursuit donc sa regrettable évolution.

   Cette tendance inquiétante est l'une des raisons qui explique le silence prolongé du Bourdon nippon. En effet, pourquoi ajouter du contenu internet dans une société qui lit de moins en moins ; qui plus est sur un écran de quelques cm² ? Et puis, que raconter de plus sur le monde motocycliste ?

   Certes, les pilotes français ont réussi à très haut niveau en 2021. Le sacre de Fabio Quartararo est un plaisir patriotique qui doit être replacé dans le contexte qui est le sien : un énième succès de la filière espagnole de vitesse ! En fait, comme en toute chose, il suffit de rechercher les causes véritables pour révéler une réalité peu glorieuse et tellement conservatrice. D'ailleurs, le constat est douloureux pour la moto : elle n'a rien apporté de neuf à l'humanité en 2021. Ainsi, les constructeurs ont été incapables d'engager une transformation des comportements tant ils sont focalisés sur le profit immédiat. Seule la législation plus contraignante de l'Union européenne au service de nos poumons les a forcés à concevoir des modèles thermiques de moyenne cylindrée plus légers sur l'exemple de l'Aprilia RS 600 ou de la Yamaha R7.

   Quant à la moto électrique, elle reste une farce car la technologie actuelle des batteries empêche la réalisation d'un engin dynamique de grande autonomie. La eMoto pourrait-elle changer avec l'investissement de Ducati en compétition électrique ? Il est difficile de le prévoir parce que la marque italienne met son exceptionnelle capacité de recherche-développement (R&D) au service d'un marché de niche destiné à une clientèle haut de gamme. Sans information sur d'autres systèmes techniques, la miniaturisation des batteries à chargement rapide dont le recyclage serait supportable semble être l'objectif prioritaire des fabricants de mobilité.

  Aujourd'hui, le deux roues dont l'usage se trouve en constante progression est le vélo électrique car il assure les trajets du quotidien sur faible distance sans contraintes. Cette mobilité reste individuelle. Son coût d'utilisation est réduit. Le parking est à la fois aisé et gratuit. L'hygiène corporelle de l'utilisateur est préservée, croyez-en l'expérience d'un inconditionnel du dérailleur mécanique...

   En 2022, le motocyclisme devrait rester ce qu'il était. On pourrait rétorquer que c'est sans doute à l'utilisateur de le faire changer en modifiant ses usages avec intelligence. Ce n'est pas idiot. Ce sera donc le vœu du Bourdon nippon pour cette nouvelle année.

   Bonne route à tous.