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BOURDON NIPPON

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La moto rend philosophe - Motorbike is more than a vehicule


MOTO : Recherche voyageuse abordable désespérément

Publié par Guido sur 14 Janvier 2024, 10:20am

Catégories : #Opinion - Humeur

MOTO : Recherche voyageuse abordable désespérément

  Comment concilier vie de couple, vie de famille et passion motocycliste quand on est un prolétaire en 2024 ? Dans un monde financiarisé à l'extrême, les rapports de puissance se construisent par l'exclusion des valeurs autres que celles sonnantes et trébuchantes. Dans ces lamentables conditions, il est difficile de suivre l'envolée des tarifs surtout quand sa profession n'est pas directement liée au pilotage de cette économie des marges et de la mise à la marge.

 

    Depuis la poussée inflationniste qui a suivi la crise de la Covid19 et la guerre en Ukraine, les conditions de vie de l'honnête travailleur c'est-à-dire du salarié qui respecte la déontologie de sa profession ainsi que les valeurs humanistes sont devenues délicates. Les annonces officielles relayées par les médias mentent par omission. Certes, la croissance des prix est aujourd'hui ralentie mais le retour à des conditions commerciales justes n'est pas à l'ordre du jour. La réorganisation des circuits d'échanges perturbés par les crises géopolitiques et la nécessité de réagir au changement global du climat ont entraîné des retards et des surcoûts. Toutefois, le coût des matières premières et de leur commercialisation n'est plus une justification valable de l'inflation. La tension sur certains produits est forte en raison de leur rareté mais surtout du fait de leur mauvaise utilisation par les marchands. L'absence de réflexion sur la durabilité réelle des biens manufacturés est la cause principale de la dégradation de notre confort.

 

    L'envolé des prix en moto s'explique donc par l'évolution des conditions générale de l'économie mondiale. Mais elle trouve aussi sa source dans les spécificités du marché deux roues. Le principe de répartition des coûts de conception et de production sur les volumes de marchandises écoulés appelé « économie d'échelle » est entravé par la taille limitée de la clientèle. En effet, les mobilités humaines sont automobiles dans les pays développés. La voiture y est envisagée comme un second domicile mobile. Elle offre tout à la fois la sécurité, la protection, la simplicité et la commodité. La vie quotidienne est pensée pour la voiture. La voiture est conçue comme un cocon capable de vous isoler du temps, de l'espace et des autres. Au final, un jeune consommateur lambda rêve de voiture, pas de moto. Les économies d'échelle profitent davantage à l'industrie automobile.

 

   Pour y faire face, des constructeurs comme Ducati ou Triumph se sont engouffrés dans les marchés de niche au service d'une clientèle fortunée et sa cour de passionnés d'occasions de prestige capables de financer la commercialisation de séries limitées. La hausse du niveau de prestation qui a résulté de cette orientation de la production a contraint les firmes concurrentes à suivre la tendance. Du coup, les fabricants y compris généralistes comme Yamaha ou Kawasaki présentent des machines que j'appellerai déraisonnables dont le modèle générique est le gros moteur à assistance électronique.

 

   J'en ai fait l'amère expérience dans ma quête d'une machine dédiée au voyage. Les occasions récentes s'échangent contre 12 000 €. Le client final paye la marge et le surplus connecté. Selon mon expérience, les débuts de informatisation au guidon étaient suffisants pour pallier les risques inhérents à la conduite au long cours : un ABS pour éviter la chute de l'équipage sur la chaussée, deux cartographies moteur afin de gérer la puissance par tous les temps et un régulateur de vitesse améliorant le confort autoroutier. Mais depuis une quinzaine d'années, on assiste au transfert d'inventions utiles en compétition vitesse vers la moto du quotidien. Le pilotage des suspensions, l'antipatinage comme la boîte automatique sont des innovations inutiles sur un réseau qui se pratique à 80 km/h. Ces suppléments qui finissent par nuire au pilotage. En réalité, ils servent à contenir l'excès de puissance de motos achetées par des utilisateurs en défaut de maîtrise. Ce sont d'ailleurs des aides à la conduite souvent issues de l'automobile qui finissent par alourdir les bécanes et la dépense. Est-ce le modèle adéquat pour développer la pratique motocycliste sur une planète malmenée ? Je n'ai pas choisi la moto pour faire de la voiture. Mais j'appartiens sans doute à une espèce en voie de disparition. Pour le marketing, je ne suis qu'un consommateur, non pas de marché de niche mais bien de fin de série. Je conserve un intérêt... à la marge.

 

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