MOTO : Bilan des accidents dans le Gard (30) pour l'année 2022

   Préoccupé par la sécurité des deux roues, j'avais été surpris par les actions de prévention proposées par les forces de l'ordre sur commande de la préfecture dans le département du Gard. A l'exception notable de la formation sur la trajectoire et la présentation des air-bags, le stand conduites à risque, l'atelier semi-remorque et la moto mystère ne me paraissaient pas adaptées à l'accidentologie locale. En effet, je me suis attaché à relever systématiquement les faits divers concernant l'accidentologie deux roues dans la presse locale pendant toute l'année écoulée.

Une analyse compliquée de l'accidentalité deux roues motorisés

   Cette méthode d'analyse prête évidemment le flanc à la critique puisque les journalistes travaillent à partir des informations livrées par les services de secours. Toutefois, celle-ci permet de mettre en évidence quelques informations concernant la pratique motocycliste dans le département du Gard. De ce fait, cette méthode approximative permet de nourrir le débat argumenté sur les actions de prévention mises en place à destination des motards gardois.

   L'étude de l'accidentologie départementale par voie de presse indique la pauvreté des informations transmises relayées au grand public. La répétition des mentions me laisse à penser que le relevé transmis par les services de l’État est volontairement limité pour deux raisons : d'une part, la priorité donnée sur place au secours des victimes et non à l'enquête technique ; d'autre part la discrétion nécessaire à l'enquête. Ainsi, des informations cruciales à la compréhension des sinistres motocyclistes échappent à ceux qui souhaiteraient améliorer les actions de prévention auprès des conducteurs de deux roues motorisés (2RM). L'expérience du motard et les conditions précises de circulation (type de machine, état mécanique, tracé, météo, état de la chaussée...) ne sont jamais mentionnées.

5 motards ont perdu la vie sur les routes du Gard en 2022

    En cette fin d'année 2022, dans le département du Gard qui est constitué d'une plaine littorale traversée par des voies rapides au sud et d'un espace de moyenne montagne, les Cévennes, au nord ; la presse a fait mention de 25 accidents de moto sur route. Sur les lieux, les secours ont fait mention de 5 motards décédés dont trois sont âgés de plus de 30 ans. Il est à noter qu'un cycliste a été tué à la suite d'une collision entre un peloton et une moto. Les éventuelles victimes de la route survenues en milieu hospitalier n'apparaissent que rarement dans les médias. Au moins 27 personnes ont été plus ou moins gravement blessées lors de ces accidents.

   L'analyse des données 2022 indique que la quasi-totalité des motards impliqués dans ces sinistres sont des hommes. Plus de la moitié des pilotes touchés ont moins de 30 ans. La première cause d'accident dans le Gard reste la collision avec un véhicule automobile. Toutefois, il s'agit de noter que la perte de contrôle est une cause fréquente d'accident chez les plus jeunes pratiquants des deux sexes. Ce défaut de maîtrise survient fréquemment sur les routes sinueuses des Cévennes.

Les moins de 30 ans blessés au printemps

     Cette année, les décès se sont concentrés en avril et octobre. Mais le « joli mois de mai » est sans conteste le plus accidentogène de 2022 à la différence de la statistique nationale. Près des deux tiers des accidents surviennent durant le week-end dont le début a été arbitrairement fixé par nos soins au vendredi 18h.

  Que conclure en dépit des lacunes de ce recensement signalées en amont ? C'est avec prudence que je relèverai l'absence d'accidents moto sur autoroute. Le mauvais entretien technique du véhicule n'est jamais signalé. Serait-ce un argument supplémentaire pour s'opposer au projet de contrôle technique 2RM ?

   La moto reste un engin ludique et... instable. Ce compte-rendu met en évidence la nécessité de protéger les motards débutants qui découvrent les joies et les déconvenues de la force centrifuge. Il est temps que l’État et les compagnies d'assurance et les équipementiers négocient des remises de TVA et pratiquent des tarifs d'appel sur les dorsales, les airbags, les pantalons à renforts ainsi que les chaussures montantes.

Prévenir les collisions auto-moto

   La collision avec un autre véhicule devrait être au centre des préoccupations des autorités et des usagers, entendons automobilistes comme motards. Les « caisseux » ont mauvaise réputation dans le Gard. Le département méridional possède d'exécrables statistiques routières en 2022. Les conduites à risque sont fréquentes. Le cocktail alcool/stupéfiant au volant est signalé. L'usage du clignotant et le maintien sur la trajectoire ne sont pas automatiques. La reconnaissance d'une moto et donc de ses caractéristiques de déplacement restent méconnues des automobilistes.

  Néanmoins, il est de la responsabilité des motards de prendre en compte leur sécurité dans chacune de leurs actions. Le point vital à améliorer doit être le respect de ce que je nomme "son périmètre de sécurité" c'est-à-dire de l'espace de taille variable selon la vitesse qui garantit sa sécurité minimale dans un environnement précis.

Rendre obligatoire la première expérience sur circuit

   Ce périmètre de dégagement tient compte de nombreux paramètres qu'on doit vérifier en permanence. Cette veille vitale au guidon s'acquière avec l'expérience. Seulement, en selle, le temps manque pour engranger cette manne de détails qui font la différence. L'absence de carrosserie et la faiblesse de stabilité font de la moto un engin darwinien. La meilleure solution pour enrayer cette tendance mortifère ? Permettre à tout motard qui débute, qui change de moto ou qui reprend la route de s'entraîner sur un circuit F.F.M. avec son propre engin.

    En ce qui me concerne, je n'ai jamais aussi bien appris à freiner brutalement en toute sécurité, à doser le filet de gaz sous la pluie et surtout à aiguiser mon regard que sur les tracés avec dégagements qu'offre le département. Si les autorités souhaitaient réduire l'accidentologie deux roues, je les inviterai à trouver les moyens légaux et financiers de soutenir cette première expérimentation loin des dangers de la circulation car la pratique en piste permet à la fois de s'entraîner sans a-priori tout en se refrénant une fois sur le réseau routier, désormais plus conscient de la foultitude de dangers potentiels présents à commencer par soi-même.

   En 2023, je vous engage à circuler en bonne intelligence afin d'accentuer la baisse tendancielle des motards victimes de ce qu'ils apprécient le plus : la route.