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BOURDON NIPPON

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La moto rend philosophe - Motorbike is more than a vehicule


Enduro durable ?

Publié par Guido sur 7 Novembre 2022, 20:57pm

Catégories : #Opinion - Humeur

Enduro durable ?

  Samedi dernier, une épreuve enduriste a été perturbée jusqu'à être interrompue dans le Limousin. En effet, la En'duo a été victime d'un sabotage du fléchage directionnel. Des pilotes se sont égarés au point de prendre froid loin du tracé initial. Le groupe de protecteurs de l'environnement qui s'était manifesté sur la course assure ne pas être impliqué dans cette action. Ce groupe de militants a simplement reconnu s'être placé sur l'épreuve afin de protéger une zone classée Natura 2000.

    La préfecture de la Creuse a saisi la procureure de la République de Guéret pour "faire la lumière" sur les événements qui ont fait plusieurs blessés légers selon la radio France Bleu Creuse. Madame la préfète "condamne sans nuance" les "incidents qui ont émaillé" la course En'duo Limousin. "Ils sont inacceptables car ils auraient pu avoir des conséquences humaines dramatiques, et les personnes qui ont a priori volontairement modifié le fléchage du parcours ne pouvaient ignorer qu'elles mettaient potentiellement en danger les participants", estime-t-elle.

   Ce fait divers pose la question des compétitions motorisées dans notre environnement toujours plus dégradé.

   La moto n'a jamais eu bonne presse dans les sociétés d'ici ou d'ailleurs. Au début du XXe siècle, la motorisation du vélo qui donne naissance à la motocyclette est l'apanage des modestes prolétaires quand les riches se déplacent déjà en auto. Après guerre, la moto reste le véhicule de travail mais aussi de loisir des jeunes gens des classes populaires avant qu'ils ne basculent dans la paternité et l'automobile. Dans les années 1960, la moto perd de son intérêt à tel point que des épreuves aussi populaires que le Bol d'or ne se tiennent plus.

   La renaissance de la moto suit la vague de révolte de 1968. La jeunesse rebelle s'empare du deux roues pour casser le cadre ancien tout en se jetant dans les bras de la consommation de masse. L'épopée psychédélique d'Easy Rider (1969) permet à Harley Davidson de changer d'image. A côté des couples yuppies en duo pour la promenade du dimanche et les flics en bottes cavalières, la firme de Milwaukee (Wisconsin) séduit une jeunesse prête à chevaucher des customs pour le plus grand bonheur des marchands d'accessoires.

    En ce début de XXIe siècle, la moto est devenue un véhicule ludique, un accessoire de jeu pour la majorité des motards. Elle facilite les trajets au quotidien et accompagne les bons moments du week-end. Le kilométrage moyen ne cesse de baisser ; d'ailleurs les professionnels du secteur font tout pour nous faire rouler (proposition de balades, journées circuit, promotion sur les trains de pneus...). Des constructeurs développent des marchés de niches. Les machines à l'identité marquée permettent aux clients fortunés de s'affirmer par l'exceptionnalité de leur monture. A contrario, les constructeurs généralistes en prennent pour leur grade à l'exemple de Suzuki qui s'efforce pourtant de concevoir des motos utiles.

   Or, cette année, la marque japonaise a revu sa politique industrielle. Suzuki a décidé de se passer de MotoGP et d'endurance (EWC) alors même qu'elle s'y montrait performante. La justification de ce choix par le président du groupe nippon peut alimenter notre réflexion sur l'avenir de la compétition mécanique :

    «  Suzuki a décidé de mettre fin à sa participation en MotoGP et EWC face à la nécessité de réaffecter ces ressources dans d'autres initiatives pour l'avenir. Les courses motos ont toujours été un lieu critique pour l'innovation technologique, y compris la durabilité et le développement des ressources humaines. Cette décision signifie que nous relèverons le défi de concevoir la nouvelle gamme de motos en réorientant les capacités technologiques et les ressources humaines que nous avons cultivées à travers nos activités de course pour explorer d'autres voies vers une société durable.  »

     La perturbation de cet enduro est peut-être l’œuvre d'un potache en mal de sottises. Toutefois, cette action doit nous conduire à repenser la moto en ces temps de fin d'un monde : celui de la surconsommation individuelle. La communication de Toshihiro Suzuki exprime cette volonté de concevoir autrement la relation entre la machine, l'homme et son environnement. Le Bourdon nippon souscrit entièrement à cette intention car la moto n'apporte actuellement plus rien d'utile au monde de demain. Elle vit sur ses acquis en copiant les évolutions du monde automobile. Si le MotoGP reste une référence en matière d'engagement humain, ce championnat perd tout crédit en édictant un règlement de course archaïque fondé sur la puissance et le gaspillage de ressources. Cette année, ce championnat a même fini par faire gagner l'argent au détriment de l'audace au guidon. Le chef ingénieur Gigi Dall'Igna a pu démultiplier les recherches sur les quelque huit prototypes engagés par Ducati en 2022 pour un budget resté inconnu. Avec quel profit pour le genre humain ?

   La transformation de nos pratiques est indispensable à la survie de l'espèce et de son biotope quitte à sacrifier la compétition mécanique sur l'autel du bien-être commun.

 

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