Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

BOURDON NIPPON

BOURDON NIPPON

La moto rend philosophe - Motorbike is more than a vehicule


Trump et les "pays de merde"

Publié par Guido sur 13 Janvier 2018, 17:17pm

Catégories : #Opinion - Humeur

Trump et les "pays de merde"

AVERTISSEMENT :

Nous avons assez de recul pour affirmer l'absence de ligne politique claire chez Donald Trump, président de la première puissance au monde, les Etats-Unis. Le vendeur de lofts et d'open spaces de New York agit en commerçant opportuniste qu'il est.

Deux questions :

  • Cela va-t-il durer encore longtemps ? Encore trois ans...

  • Y a-t-il du bon dans le Trump ?

Le président des Etats-Unis est une caricature de lui-même : celle d'un homme riche sans humanité(s). Sa communication digne d'un Reality show en mode 2.0 par son recours quotidien à la messagerie instantanée Tweeter et ses décisions politiques à contre-pied illustrent bien la vision court-termiste de l'individu. Sa dernière sortie sur les « pays de merde » dont les ressortissants immigrent aux Etats-Unis n'en constitue qu'une énième illustration.

La biographie de Donald Trump révèle l'ascension d'un « fils de ». Il a hérité de l'empire immobilier de son père. Il s'organise une vie dorée de vaniteux : appartement de luxe au sommet de la tour qui porte son nom, collection de femmes plastiques, show TV débile à son nom tout en fréquentant les milieux politiques. Depuis les années du républicain Ronald Reagan, Trump agit en haut lieu afin de se placer.

Sa campagne présidentielle américo-américaine fondée sur le rejet de ce qui ne profite pas – a priori – aux Etats-Unis d'Amérique l'a porté au pouvoir dans un contexte favorable de crise de confiance chez les classes moyennes triplement fragilisées par deux causes externes : le terrorisme international et la mondialisation économique ainsi qu'une cause interne : la disparition de son capital suite à la crise immobilière puis bancaire des subprimes. Trump est l'homme le plus vieux et le plus riche jamais élu à la tête des Etats-Unis : un signe de ces temps de conservatisme qui traduisent encore la perte de confiance des électeurs.

A leur décharge, ces braves gens avaient-ils le choix d'agir autrement ? Premièrement, il est difficile de conclure sans prendre en compte le fait que le système électoral états-unien repose sur le suffrage indirect. Explication : Ce pays est une fédération d'états à l'exemple de la Californie, du Dakota du Nord ou de l'Iowa. Les électeurs votent afin de choisir non pas leur président mais des représentants locaux qui lui sont favorables : les grands électeurs. Or, le nombre des grands électeurs varie d'un état à l'autre. Celui-ci est proportionnel au nombre d'habitants tout en étant un héritage historique. Au bilan, votre voix n'a pas le même poids que celle d'un électeur de l'état voisin. Ainsi, Donald Trump avait 2,87 millions de voix de retard sur la candidate démocrate, Hillary Clinton mais plus de 70 grands électeurs d'avance. Une véritable entorse à la démocratie !

Deuxièmement, face au « fils de... », il y avait une « femme de... ». En effet, Hillary Clinton est l'épouse de Bill Clinton, ancien président démocrate des Etats-Unis et grand amateur de cigare sous le bureau. Cette ex-première dame a exercé de nombreux mandats politiques dont un poste de secrétaire d'Etat aux affaires étrangères sous Barack Obama. Face à ce dilemme dynastique, les Américains ont choisi la testostérone à grande gueule sans aucune expérience politique réelle comme si cela constituait un brevet de probité.

Visiblement surpris de décrocher la timbale, Trump a découvert la vie politique à son corps défendant. Ses multiples déclarations fracassantes, la perpétuelle instabilité de son équipe, l'empilement des affaires louches dont la (très) possible collusion avec des intérêts russes et l'incohérence de ses prises de position à l'international constituent, selon moi, la preuve que Donald Trump « is not the good guy for the right job». C'est un ignare en matière géopolitique doublé d'un communiquant de bas étage. Un comble pour un magnat du gratte-ciel ! Il applique les méthodes de la pratique capricieuse et au coup-par-coup du monde des affaires fondée sur les opportunités à la réflexion politique, nécessairement plus lente car plus mesurée. La complexité des affaires du monde demande plus de réflexion car il est bien difficile de déterminer les conséquences de ses propres prises de position.

Au final, Trump est un crève-coeur pour tout diplomate digne de ce nom. Mais il a une utilité : son imprévisibilité vindicative exige que les autres affermissent leur position tout en prévoyant une foultitude de plans B. Trump, c'est un peu le beau-frère à la noix avec qui il faudra négocier la vente de la maison de feu ses parents chez le notaire. En dépit de sa méchante bêtise, Donald apporte de la nouveauté et impose du changement. On s'organise sans lui à l'exemple des deux Corées qui repoussent le risque de poussière nucléaire en invitant leurs patineuses respectives. Dans ce contexte, l'Union européenne aurait tout intérêt à retrouver une direction commune en taisant ses divisions car il y a une place au soleil à se faire en Asie comme en Afrique.

Grâce à Trump, le monde semble se réorganiser autrement. De là à croire à la fin de l'hégémonie des States, il y a un grand pas tant le monde est imbibé de culture ricaine. Ce serait aussi oublier que les grandes entreprises des Etats-Unis sont aux commandes de la mondialisation. Elles créent un monde de coopérations asymétriques, fait de gagnants et de perdants qui se bercent de l'illusion messianique que le bien-être marchand généralisé finira par l'emporter au nez et à la barbe des déplaisants défenseurs de la justice sociale.

Alors, Donald, merci d'être à ce point incompétent et versatile. Grâce à toi, le monde change. Reste à savoir à quelle fin.

La dernière mouture de la "Stratégie de défense nationale" éditée en décembre 2017 a tout de même de quoi affoler les consciences. Le secrétaire d'Etat à la Défense, Jim Mattis, auteur dudit rapport a déclaré : " Les Etats-Unis sont confrontés aux "menaces croissantes" de la part de la Chine et de la Russie, des "puissances révisionnistes" qui "tentent de créer un monde conforme à leurs modèles autoritaires". Son travail mentionne que " l'armée américaine a donc besoin des moyens prévisibles pour se moderniser car son "avantage compétitif diminue dans tous les domaines --aérien, terrestre, marin, spatial et cyberspatial-- et ne cesse de diminuer".

A la lumière de ce rapport, les dirigeants des Etats-Unis ressentent le glissement plus à l'est du point d'équilibre du monde en matière de Hard Power c'est-à-dire de puissance militaire et politique alors que le Soft Power, à savoir le volet économique, technologique et culturel de la puissance d'un Etat reste tout de même à l'avantage des Etats-Unis même si le processus de mondialisation économique dilue l'influence de l'oncle Sam. Prenons l'exemple du téléphone portable d'Appel, l'Iphone. Si la technologie est née aux States, sa construction s'effectue en Chine dans les gigantesques usines de la société taïwanaise (l'île des gentils Chinois anticommunistes) Foxconn. A qui profite réellement l'avantage de cette technologie partagée par plus de 300 millions de terriens (estimation des ventes en 2017) ?

Il est vrai qu'à choisir entre la liberté dollarisée et le rouble autocratique ou encore le yuan autoritariste, je préfère encore me tourner vers l'occident mais pour combien de temps ?

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Articles récents