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BOURDON NIPPON

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La moto rend philosophe - Motorbike is more than a vehicule


Fumiers de Français

Publié par Guido sur 1 Mai 2017, 08:13am

Catégories : #Opinion - Humeur

Au fond de la poubelle de mon bureau de vote

Au fond de la poubelle de mon bureau de vote

Français, je le suis, Français je le resterai si madame Le Pen devait remporter cette élection présidentielle 2017. Je le resterai par attachement à ce que la France a pu de temps à autre apporter à l'avancée internationale des valeurs humanistes.

Aujourd'hui, mon pays traverse une crise qui ressemble par bien des aspects à celle qu'elle a connue dans l'entre-deux-guerres, à la première crise économique internationale de surproduction en 1929. La faillite des Etats-Unis avait alors conduit à la réduction des investissements et à la baisse de la consommation. Par cette baisse simultanée, la demande et l'offre avaient été durablement touché. Chaque pays développé avait alors choisi sa recette personnelle pour s'en sortir. Dans bien des cas, la puissance publique était intervenue pour tenter de limiter la dissolution des sociétés : New Deal (1933-38) aux Etats-Unis, meilleure redistribution de la richesse (accords de Matignon en France), soutien de l'offre par des commandes publiques (d'infrastructures voire militaires en France et en Allemagne) et stimulation de la demande (congés payés...). L'antiparlementariste était très vif soutenu par une détestation de la ploutocratie (pouvoir des financiers sans scrupule) dominée disait-on par les « youpins » à savoir les juifs. Le monde avait fini par glisser dans l'horreur de la guerre mondiale.

Aujourd'hui encore l'économie provoque la ruine des constructions sociales. Les choix égoïstes des gens d'argent, petits ou grands, détruisent les fragiles assemblages collectifs.

La perspective des résultats de la présente élection est dans la droite ligne des choix opérés par d'autres sociétés dites développées que ce soit au Royaume-Uni avec le Brexit ou encore aux Etats-Unis avec l'élection de Donald Trump. Les citoyens désorientés finissent par douter des partis traditionnels pour se précipiter dans les bras des candidats jugés providentiels. En France, François Fillon a une immense responsabilité dans le dévoiement de cette élection car il en a détruit l'équilibre. Il était donné comme l'immense favori pour une opinion publique déçue par le bilan du président Hollande et prête à se choisir un homme d'expérience pour retrouver un cap. Par sa suffisance bourgeoise, par son positionnement droitier et surtout l'accumulation des affaires qui ont mis au jour son immoralité, le candidat Les Républicains s'est logé une balle dans le mocassin. L'entêtement de Fillon et de ses soutiens est donc le principal contributeur de l'affiche du second tour dans lequel s'affrontent un jeune opportuniste et une femme d'extrême droite.

Comme en 2002, les électeurs démocrates et républicains sont pris au piège. Ils doivent voter pour un ticket qui ne leur correspond pas. Seulement, la situation est devenue plus floue en 15 ans. Pour gagner, Sarkozy avait rebattu les cartes en tentant de faire disparaître la ligne de partage gauche/droite. Sa profession de foi était simple et rassurante : « je fédérerai les compétences autour de moi ». Une fois élu et par remaniements successifs, il a ancré son action toujours plus à droite en stigmatisant ceux qui n’œuvraient pas à l'avènement de SA France. A la complexité des situations qui exigent de la réserve au nom de l'intérêt général national, il avait choisi de répondre par le passage en force : « Avec moi ou contre moi ». La division de la population s'est ainsi accrue. Si les Français ont, par la suite, choisi François Hollande malgré son inexpérience de gouvernement, c'était pour retrouver une certaine unité. Malheureusement, le président socialiste a laissé un bilan marqué par des demi-mesures, des cafouillages ruineux (l'écotaxe par exemple), des coups de boutoir (usage répété du 49.3), un comportement naïf (relations avec la presse, liaison extra-conjugale) et une politique en rien socialiste, plus proche du modèle britannique. Ce quinquennat n'a fait qu'accentuer encore les divisions internes dans un contexte de menace terroriste.

« Que faire dimanche prochain ? » se demandent bien des titres d'articles de presse. Une nouvelle fois, on s'interroge sur la fonction des médias. Sous couvert de la plus stricte neutralité de façade, ils oublient leur rôle dans la formation de l'opinion publique tant ils sont prisonniers des lois du marché. La concentration des organes d'information dans les mains de quelques hommes d'affaires a de quoi faire frémir mais qui s'en soucie ? Sans information claire, face à la suite continue des anecdotes et des frasques, l'électeur perd le sens commun. Il me semble urgent de rappeler aux Français les valeurs et les principes qui fondent notre république au lieu de publier des comparateurs de programmes.

Selon mon analyse, trois raisons expliquent les progrès du Front national (FN). Il y a d'abord la médiocrité des états-majors des partis traditionnels qui au nom de leur carrière et dans l'intérêt de leurs soutiens ne travaillent plus pour la cohésion nationale. « La fracture sociale » officiellement popularisée par Jacques Chirac reste d'actualité, 20 ans après... Il y a ensuite le populisme du FN. Ce parti surfe sur le contexte anxiogène (terrorisme, perte d'emplois, transformation des structures sociales traditionnelles comme la famille). L'attentat de la semaine dernière contre des policiers lui a fait la meilleure des publicités. Madame Le Pen a d'ailleurs condamné cet acte ignoble en revêtant le costume de femme d'Etat sans s'égosiller. Il fallait comprendre entre les lignes : « Qu'est-ce que je vous répète depuis des années ? ». Le populisme est bien l'art de faire un bon diagnostic des difficultés des citoyens sans y apporter de solutions réalistes. L'ascension du FN repose enfin sur la transformation radicale de sa communication ; ce que les chroniqueurs nomment la « dédiabolisation ». Faites donc la visite du site internet de ce parti d'extrême droite. L'image y occupe une place de choix : galerie de portraits de son ancienne présidente dans toutes les situations possibles en France comme à l'international, clips de campagnes et vidéos. Le texte du programme est assez évasif pour ressembler à celui d'une formation souverainiste. Bien difficile pour un électeur lambda de saisir le fond de la pensée étriquée du FN. Pourtant, il y a bien un loup aux portes de Paris (chanson de Vidalie/Bessières/Reggiani).

Dimanche prochain, le Bourdon nippon vous exhorte à voter pour le candidat le moins éloigné des valeurs françaises : "Liberté, Egalité, Fraternité". C'est encore un vote par dépit mais il s'agit d'élire monsieur Macron pour limiter l'éclatement sociétal. Que le coq chante encore sur son tas de fumiers !

 

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