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BOURDON NIPPON

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La moto rend philosophe - Motorbike is more than a vehicule


Essai Yamaha Tracer 900 GT phase 2 : vraiment touristique ?

Publié par Guido sur 12 Décembre 2023, 08:22am

Catégories : #Test - Essai

Essai Yamaha Tracer 900 GT phase 2 : vraiment touristique ?

    L'hiver est au motard, ce que le printemps est à la bécasse : le temps de la migration. Les pilotes du MotoGP partent en vacances dans l'hémisphère sud, les essayeurs se déhanchent dans les virages de Faro (Portugal) et les poireaux font du lèche-vitrine chez les concessionnaires de banlieue à la recherche de leur nouvelle monture.

   La Kawasaki Versys 650 est une machine absolument adaptée à ma pratique ; comprenez à l'état de mes vertèbres et de celui  de mon compte bancaire. Le bicylindre assure mes déplacements quotidiens tout en m'offrant une monture fiable pour les voyages. La position de conduite et l'équipement additionnel (valise et pare-mains) permettent d'enchaîner les très longs trajets sans peine. Le temps n'a pas eu d'emprise sur cette moto. Seule la vieillissement de certains caches plastiques trahit l'âge de ma geisha. Néanmoins, le temps se convertit en poids : le motard s'arrondit et ses enfants grandissent. Les 66 chevaux de la Versys ne suffisent plus à assurer des relances dignes de ce nom en duo.

   Mon errance m'a fait entrer dans une concession Yamaha car depuis deux ans je surveille les occasions du modèle Tracer 900 GT. Cette moto a été vantée dans les médias spécialisés comme une machine polyvalence assurant joie de l'arsouille et confort de la promenade grâce à un moteur trois cylindres de 847cc cornaqué par une électronique de pointe. Le modèle GT dispose d'un kit touring à savoir une paire de valises, un pare-brise, des protections de poignées, une béquille centrale, des poignées chauffantes et un régulateur de vitesse. La puissance de 115 chevaux est suffisante pour propulser un couple sur longue distance. Les lignes fluides de la Tracer, inspirées des meilleurs robots de la série Transformers, sont admirables. La compacité de cette machine associée à son niveau d'équipement étaient sur le point de ravir mon épargne jusqu'à...

   ... l'essai pratique. Une fois les explications du concessionnaire terminées, je m'installe sur la selle qui se révèle être un bout de bois capitonné. A part la mousse de ma pistarde, je n'avais jamais eu la sensation de poser mon séant sur une balançoire à bascule ou "tape-cul". Après ce premier contact rugueux, je m'insère dans la circulation en découvrant la nervosité de la mécanique. La réaction à la poignée est vive en dépit du mode 2 de la cartographie. Le moteur de cette Yamaha est bien rempli. La position de conduite est plutôt naturelle. Le buste est redressé. Mes bras sont repliés pour atteindre les commandes que je trouve trop proches de mon corps, un modeste réglage de pontets devrait éliminer cette gène. L'instrumentation sur deux écrans est excellente. L'ensemble suspensions / cadre assure un contact direct et ferme avec la route. C'est rassurant un peu à la manière d'une sportive. La moindre pression sur les cale-pieds fait pivoter la Yamaha en une fraction de seconde. Dans les grandes courbes prises à haute vitesse, la moto tient la trajectoire sans faillir. Cette Japonaise colle à la route pour une exploitation gourmande de son moteur.  L'architecture du bloc est celle des Triumph. Il est rond dans le gras du couple et s'énerve franchement - mais sans ruades - au sommet de la courbe de puissance. Entre les cuisses, la puissance de la mécanique et le poids placé très bas créent une sensation de force brute, plutôt agréable car il n'y a aucune vibration parasite. La boîte à vitesses est douce sans à-coups, ni verrouillage excessif. Le shifter ne m'a pas convaincu sans doute parce que je n'appartient à la même génération que ce gadget.

   Au bout d'une demi-heure d'essai, j'ai pu déterminer l'aptitude de cette Yamaha à affronter les longs trajets en duo. Certes, mon passager disposerait d'une place suffisamment haute pour profiter du paysage tout en reposant son dos contre le top-case ergonomique mais je manquerais de confort. En effet, mon casque siffle à l'aplomb du pare-brise d'origine, bouclier court taillé à l'horizontale. Le concessionnaire me précise qu'il existe une bulle haute sur catalogue. Les pare-mains sont moins enveloppants que ceux de la Kawasaki. Enfin, le bruit du moteur est entêtant. Cela doit ravir l'amateur de sorties dynamiques sur courte distance mais pas le rouleur-voyageur que je suis devenu. 

   En coupant le moteur sur le parking de la concession, je suis circonspect, heureux d'avoir roulé sur ce puissant roadster caréné et dépité d'avoir fantasmé ses capacités au long cours. Selon moi, la Tracer 900 GT est une machine d'escapades musclées possiblement en duo mais pas de voyage. C'est une GT-Express typée week-end relais & châteaux. Le scenario que j'écrirais à son guidon serait celui d'un cadre quadra divorcé, submergé de travail durant la semaine et qui se réserverait une virée courte mais intense avec sa nouvelle compagne le temps du week-end sans enfants que lui réserve la garde alternée.

   Pour moi, c'est le retour au point de départ, en position "N". Je reste ainsi en migration hivernale, lost in translation sans doute au Japon car le prix des machines européennes reste hors de portée. La Honda NT 1100 me tend les bras avec la sagesse de sa conception et... son manque de caractère. La philosophie de l'usine de Kumamoto  pourrait donc emporter mon adhésion mais au prix d'un covering Burn-out Design.

 

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