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BOURDON NIPPON

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La moto rend philosophe - Motorbike is more than a vehicule


Chimay une fois : l'Open Trophy IRRC 2023

Publié par Guido sur 26 Juillet 2023, 20:55pm

Catégories : #Travel - Ailleurs, #Motorsport - Moto pro

Chimay une fois : l'Open Trophy IRRC 2023

   Privé de mon fidèle Jarno parti reconquérir sa légitime au guidon d'une Honda Goldwing, j'ai dû recalibrer mon désir de dépaysement sur deux roues. Le tour de l'Adriatique sera donc l'objet d'une prochaine escapade. Comme souvent, c'est la géographie qui a soutenu ma réflexion et finalement guidé mes tours de roue.

    Le dérèglement climatique rend insoutenable le tourisme dans le sud de l'Europe. La péninsule ibérique devient donc une destination d'arrière-saison. Par contre, le changement global ouvre des perspectives plus au nord, vers des contrées qui évoquent la pêche, le ski de fond et l'élevage laitier.

   Ainsi, j'ai jeté mon dévolu sur le nord-est de la France, une partie de l'hexagone qui échappait jusqu'à présent à ma connaissance. Toutefois, j'ai placé un événement motoculturel comme objectif de ce long périple : l'Open Trophy de Chimay. Cette manche du championnat du monde de course sur route (IRRC) n'est pas une découverte car je m'y étais rendu il y a déjà cinq ans, en juillet 2018. En alignant les kilomètres, je me demandais si l'événement belge avait conservé l'authenticité qui m'avait charmé à l'époque.

   En 2018, j'avais traversé la France en une seule journée. 900 km de goudron rectiligne parcourus à un régime moteur monotone, de quoi sauter de sa selle en marche ! Cette année, j'ai donc décidé de prendre les chemins de traverse. Ainsi, j'ai joué au dandy égaré pendant huit jours. La beauté et la variété des paysages m'ont fait oublier la chaleur écrasante de l'été. Au fur et à mesure de ma remontée vers la Belgique, j'ai emprunté des départementales qui valent le coup de guidon. Ma préférence va au tronçon Vals-les-bains / Le Cheylard. La Lozère est un pays minéral concassé. La route serpente entre les gorges au ras du précipice. Les ponts de pierre à arche unique enjambent des rivières invisibles, cachées au fond de l'abîme. L'isolement et le silence permettent de se concentrer sur ses entrées de virage sans arrière-pensée.

 

   Cette joie pure, je l'ai de nouveau ressentie dans les monts du Lyonnais au départ de Saint-Etienne en direction de Saint-Martin-en-Haut à une différence près : l'intense circulation matinale. En effet, les petites routes qui relient les villages perchés sont empruntées par les travailleurs du bassin lyonnais. Les navetteurs y sont légion sur des voies sinueuses et étroites. On a donc vite fait de rater le dépassement d'un local de l'étape. Lors de cette seconde journée, j'ai apprécié les paysages de la vallée de l'Ain autour de Chancia. Le barrage de Vouglans et son élégante retenue d'un bleu curaçao ont égayé mon trajet vers Besançon.

 

   Le département du Doubs est à cheval sur le Jura et les Vosges. Vesoul se situe dans une sorte de replat qui relie ces deux vieux massifs. La route s'étire le long de champs en cours de moissonnage. J'ai pris la direction de Verdun afin de réviser le déroulement de la bataille de 1916. Le mémorial est idéalement placé à l'extérieur de la ville, en plein champ de bataille. Il jouxte le village disparu de Fleury, pulvérisé par les obus des belligérants. Au delà, se dresse le clocher de l'ossuaire de Douaumont ceint de son voile de croix blanches. Le musée ouvert pour le centenaire des combats est destiné au grand public. Il offre de manière stimulante une analyse scientifique de la bataille à hauteur d'homme, les pieds dans la boue et le corps exposé à toute sorte de morceaux de métal projetés à haute vitesse. Mon retour par le bois des Caures - haut lieu des premiers affrontements - m'a plongé dans une profonde réflexion sur le sens du sacrifice patriotique.

 

   En dépit de mon achat précoce d'une entrée à l'Open Trophy sur internet, je n'ai pas su trouver un logement en dur à un prix raisonnable en Belgique. Je me suis donc rabattu sur la petite ville endormie de Fourmies. Cette ancienne cité industrielle du Nord a fait l'histoire en 1891 lorsque la troupe a tiré sur les ouvriers rassemblés pour célébrer le 1er mai. Cette culture ouvrière reste sensible à travers les toponymes : la place Mado, vendeuse de marrons, à deux pas du théâtre Jean Ferrat.

 

  Au retour, j'ai choisi l'autoroute pour fuir la perturbation qui a déversé son flot humide dès le dimanche matin, jour de courses à Chimay.

 

    L'Open Trophy est une manifestation internationale qui réunit les pilotes du Bénélux et les pointures de l'IRRC c'est-à-dire les cadors de la course sur route qu'ils soient danois ou français à la manière de Jean-Yves Bian (Paton). Le circuit temporaire reprend le tracé de l'ancien Grand Prix des frontières. La piste est ceinturée de rails de sécurité comme en 1978 quand Agostini gagnait en 500cc et Sheene pulvérisait le record de la piste en 750cc. Seule sa partie nord-est traverse les maisons du bourg. Le rectangle quasi-parfait est rendu plus attrayant par l'ajout de chicanes comme celle de Bourgognie construite entre un bar et un restaurant. C'est d'ailleurs un endroit privilégié pour suivre les courses de side-car. Les pilotes rivalisent au freinage puis se défient à l'accélération. En fin de course, le verre de l'amitié est offert par des spectateurs aux équipages qui se garent dans l'échappatoire.

    Cinq ans après mon premier passage, la manifestation semble avoir gagné en importance. Les échoppes sont plus nombreuses dans les paddocks et le camping des concurrents s'est davantage étalé le long de la colline qui mène au virage Frère. Cependant, l'accessibilité du circuit a été limitée. Les deux accidents mortels de la semaine précédente ont provoqué la fermeture du secteur du bois où les pilotes frôlent le rail moteur à pleine charge un genou au sol : spectacle démoniaque s'il en est.

   Cette manche belge de compétition sur route vaut le détour car elle livre une vision décalée de la course motocycliste pour le motard français. L'espace frontalier belge offre une ambiance francophone qui n'est pas celle des Hauts-de-France. Le circuit est conforme aux standards d'un autre temps, ceux des circuits urbains aménagés le temps d'un week-end. Les motos sont celles du commerce, modifiées par leur propriétaire  sans atteindre le degré de raffinement des équipes pro. Enfin, les pilotes sont des anonymes accessibles, réputés uniquement dans le microcosme des passionnés de cette forme de compétition. Il en naît une forme de confusion mentale. On se croirait dans une arsouille entre potes. Quoi de plus intense ? Ce cocktail s'apprécie sans modération. Chimay : plutôt deux fois qu'une.

 

Chimay une fois : l'Open Trophy IRRC 2023
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