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BOURDON NIPPON

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La moto rend philosophe - Motorbike is more than a vehicule


Pistard, connais-toi toi-même

Publié par Guido sur 16 Août 2016, 12:31pm

Catégories : #Track - Piste

Pistard, connais-toi toi-même

AVERTISSEMENT : Cet article se veut le résumé du petit manuel de survie du pistard du dimanche.

Sont tout de même balèzes les Grecs, hormis pour les comptes publics et la bécane. « Connais-toi toi-même »... Plus qu'une invitation gravée dans la pierre du temple d'Apollon à Delphes, un principe de vie que tout individu raisonnable devrait s'employer à s'appliquer, motard compris.

Hier, j'attendais dans la file des motards pour une dernière session de roulage sur circuit. Ca s'éternise. Je coupe le moteur et file me mettre à l'ombre. Soudain, le talki-walki crache. Un pilote s'est écrasé contre les pneus en fin de séance. La session suivante, la mienne en l'occurrence, est annulée. Une organisatrice presse le pas. Elle demande à une collègue s'il y a un proche du motard parmi l'assistance. Ca semble grave. Je quitte les stands. J'ai à peine coupé le moteur au paddock que j'entends le bourdonnement de l'hélicoptère sanitaire. Mauvais augure. Je prends le temps de me changer et d'embarquer la moto. Pas de décollage. Le drame s'épaissit. Aujourd'hui, j'ai pris la peine de prendre des nouvelles du camarade. Il s'en est sorti. Les médecins attendent que son état se stabilise pour reconstituer le puzzle organique. Les raisons de sa chute restent encore inexpliquées.

Il est bien connu que les ultimes tours de piste sont délicats. La fatigue accumulée et les décharges d'adrénaline successives produisent une courbe gaussienne de l'efficacité au guidon. Plus la journée progresse et plus on affine son pilotage ; seulement dans le même temps on est rattrapé par sa condition de sportif du dimanche. Le cerveau se croit performant alors que le corps abdique. Par superstition ou par autodiagnostic, des pistards n'effectuent pas cet ultime tour de manège. Quand je ne fais pas de même, j'aborde cette séance comme les précédentes mais avec l'intention de réduire le rythme dans les derniers tours afin de finir en souplesse en me concentrant sur la trajectoire.

D'après les articles portant sur les accidents de pistards amateurs, les principales causes de décès sont la collision avec un autre pratiquant et la perte de contrôle. Le Bourdon nippon vous délivre ci-après les conclusions de sa pratique.

Pour éviter d'être coupé en deux par un camarade, je m'accorde un ou deux rounds d'observation en partant en dernière position. Après les tours de chauffe, je remonte le peloton à l'exception des pointures qui filent en tête. Les poireaux (NDLR : sans aucun jugement de valeur étant moi-même un légume comestible) s'esquivent facilement. Restent les coqs de quartier... Cette catégorie regroupe des prétentieux, des joueurs et des imbéciles (NDLR : sans aucun jugement de valeur étant moi-même un grand con). La défiance est alors de rigueur parmi ces aveuglés. Habitué des roulages du week-end, j'observe trop de décompression sur et en dehors de la piste. Le stress du quotidien et la poussée hormonale altèrent la faculté de jugement de certains pratiquants. Si votre sixième sens se met en alerte, je vous engage vivement à rouler seul même s'il est absolument jouissif de faire les freins ou de recouper la trajectoire d'un compagnon d'aventure. Votre partenaire privilégié sera alors le chronomètre, l'incorruptible arbitre mécanique.

La perte de contrôle semble intervenir souvent à la fin des temps de pratique, que ce soit d'une session, d'une demi-journée ou d'une journée. Le relâchement qui suit l'intense effort est dangereux. L'adage de Delphes - "Connais-toi toi-même." - prend ici tout son sens. Quand les sensations changent, que la lassitude, l'agacement ou la fatigue vous submergent, ayez le réflexe de tendre la botte pour quitter la piste. Les poneys aiment aussi l'écurie où ils trouvent ration de foin et bac d'eau à volonté. Je vous invite à faire l'effort systématique de vous dévêtir entièrement entre deux sessions durant l'été. Vos tongs et votre bob ont droit à une balade jusqu'à l'ombre. Buvez et étirez vos membres tel une mamie variqueuse et si le sommeil s'invite, n'oubliez pas de monter le réveil, planning oblige.

La pratique moto nécessite une bonne condition physique en particulier par forte chaleur. Conserver sa forme exige d'en posséder une ! L'exercice physique régulier est fondamental. Il s'agit d'entraîner les parties du corps les plus sollicitées comme les jambes et les bras. La pratique du vélo et de la natation, sports dits « portés » est bienvenue. Il serait bon de soigner son hygiène de vie en abandonnant la fréquentation des sponsors des sports mécaniques dans le genre Suzuki/Lucy Strict ou Yamaha/Malbobo. Il est aussi souhaitable de réguler son sommeil. Le chargement du camion et le trajet routier nocturne après une longue journée de travail ne soutiennent pas l'hypervigilance qu'exige le pilotage. De la fraîcheur du bonhomme dépend la qualité du roulage.

Pistard, connais-toi toi-même
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