Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

BOURDON NIPPON

BOURDON NIPPON

La moto rend philosophe - Motorbike is more than a vehicule


L'islam et moi

Publié par Guido sur 23 Août 2016, 08:17am

L'islam et moi

AVERTISSEMENT : Cet article livre une opinion sur l'islam en France. Avant de vous permettre ne serait-ce qu'un jugement, une remarque ou une critique, je vous invite à prendre le temps de définir le sens de chaque mot dans son contexte. Je vous conjure de lire le dictionnaire et d'étudier des ouvrages scientifiques (garantis "100% université française").

Toujours Français et encore athée, ma relation avec les pratiquants de la religion musulmane est quotidienne. Des clients comme des collègues sont de culture musulmane sans donner l'impression de pratiquer intensément. Mes collègues musulmans ne se démarquent des autres qu'en de très rares occasions. La majorité d 'entre eux refusent gentiment la consommation d'alcool et s'absentent lors de l'Aïd-al-Kabir, principale fête de l'Islam. La grande difficulté avec les clients est leur faible pratique de la langue française, à tel point qu'il faut parfois recourir à un traducteur ou utiliser les compétences de leurs enfants. Certaines de leurs habitudes me gênent. Par exemple, j'abhorre les casquettes et les fichus car se découvrir dans un lieu public fait partie des convenances, enfin des miennes... Je supporte difficilement les hommes qui me serrent la main en évitant soigneusement celle des mes collègues femmes. Habitudes culturelles ou pas, la France est la championne de l'égalité.

Dans le quartier où j'exerce, les décideurs publics comme privés ont concentré des bouts de famille (séparées, monoparentales, mineurs isolés) pauvres récemment installées en France. Les habitants sont majoritairement des Africains, surtout des Maghrébins. Les musulmans sont majoritaires. Le vendredi à midi, on circule au pas aux abords de la mosquée - bâtiment discret reconnaissable par une simple frise arabisante - parce que les fidèles se massent aux abords pour converser. Attroupement sans conséquence. Ce qui me dérange bien davantage sont les groupes de femmes habillées de larges vêtements aux motifs rares et voilées de couleurs tristes qui font leurs courses sous la surveillance d'un mari ou d'un fils. Enfin, je suis perturbé par ces couples muets qui déambulent toujours dans le même ordre, l'homme devant, la femme derrière.

Tous ces comportements dérivant d'une application parmi d'autres de la loi coranique sont parfaitement légaux. Seulement ils dénotent dans mon paysage culturel traditionnel, fruit d'une longue histoire européenne. Pour moi, ils traduisent un manque de réflexion et d'intérêt pour les autres membres de la société avant même de constituer une possible atteinte à l'égalité.

Mais qui suis-je pour juger ? Personne, un obscur héritier imprégné de l'air du temps. Toutefois, j'ai eu l'occasion de voyager dans des pays où la place de la religion est prégnante. J'ai toujours tâché de respecter les « traditions » de la société dans laquelle je passais même si parfois les usages étaient en contradiction avec mes principes. Ici, ma compagne a dû couvrir ses épaules car sa tenue estivale – robe longue unie à bretelles – était jugée indécente pour visiter une église ; là, je n'ai pas pu entrer dans une mosquée pourtant inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco parce que je n'étais pas musulman. Afin d'éviter de déranger ou de gêner, j'ai pris l'habitude d'observer les us et coutumes pour m'y conformer, pour vivre local, comme les autres. Je souhaiterais que l'on en fasse de même dans ce pays nommé France qui n'est pas de culture musulmane. En effet, moins de 10% des habitants de France se disent de culture musulmane. Si la France possède une histoire emprunte de christianisme (catholicisme, protestantisme...) ; elle n'a plus de religion, n'en déplaise à certains aveuglés par l'au-delà (ou par l'ici-bas ?) qui froissent le "vivre ensemble".

La majorité des musulmans résidant en France sont venus chercher de meilleures conditions d'existence. L'essor économique du pays entre 1945 et la fin des années 1970 s'est appuyé sur le travail d'une large main d'oeuvre peu qualifiée d'origine nationale et étrangère. Seulement, l'intégration par le travail manuel est aujourd'hui réduite car les conditions de production ont fondamentalement changées avec l'irruption de la robotisation et le développement de la mondialisation. Le long et parfois douloureux chemin de l'anonymat dans la République ne semble plus aussi bien balisé qu'avant. Au nom du droit à la différence et/ou en réaction à un racisme latent jugé insupportable, une minorité agissante encourage le repli communautaire sur fond de tradition religieuse. C'est une « solution » rapide sans aucune perspective sociale satisfaisante dans le cadre français.

La micro-affaire du « burkini », tenue de bain féminine couvrante de la tête aux pieds, en constitue la parfaire illustration. Historiquement, le combat mené par les Françaises a été de se libérer de la tutelle des hommes soutenue par l'Eglise et le droit romain, de pouvoir aller sur la plage, de réussir à se baigner, de parvenir à nager en combinaison, de décider de bronzer (apanage des paysannes devenu signe de bonne santé et de temps libre) jusqu'à la possibilité de le faire seule et nue. Le principe qui sous-tend cette évolution est l'émancipation féminine c'est-à-dire la liberté individuelle la plus grande et le contact le plus simple possible avec l'environnement dans une société traditionnellement patriarcale. Bravo les filles ! Aujourd'hui, CERTAINES musulmanes, fidèles à une interprétation rigoriste et masculine du coran, comptent se mettre à l'eau presque entièrement couvertes de textile. Paradoxe plus flagrant est-il concevable ?

Il y a bien une mode islamique. Elle provient d'Arabie Saoudite. Ce régime autoritaire achète ou plutôt achetait (puisque ce pays a dû recourir à l'emprunt) son leadership sunnite et sa tranquillité internationale à coups de pétrodollars. Et comme l'argent fait taire les valeurs humanistes, on vend des canons et des objets de luxe à une population qui tolère la décapitation, le travail forcé, le cinéma en privé, le voile intégral et l'interdiction de conduire faite aux femmes. Ce mode de vie issu d'UNE interprétation liberticide de la loi coranique (charia) s'installe aujourd'hui dans des quartiers de France où les jeunes femmes ont droit à des reproches plus ou moins explicites sur leur comportement jugé trop libre. Ainsi, des filles de mon quartier portent le voile lors de leurs déplacements pour éviter d'être importunées. Mais certaines détournent avec malice cette mode d'obligation en choisissant une étoffe occidentalisée ou en accessoirisant le vêtement (perle, chaîne).

Qu'on aille sur la plage en tenue traditionnelle, folklorique ou religieuse ne m'indispose pas tant qu'on respecte l'esprit des valeurs françaises. Par contre, le passage à l'eau dans une tenue impropre au bain de mer et de soleil me paraît illogique, certainement en lien avec ma relation "amniotique" avec l'eau. Et puis depuis quand une étoffe couvrante gorgée d'eau serait-elle gage de bonnes moeurs ?!

Selon moi, les débats actuels mettent en évidence l'appauvrissement de la réflexion collective. Ce qui relève du bon sens au service de l'intérêt général est annihilé par la médiatisation à outrance de décisions INDIVIDUELLES, MINORITAIRES ET IMBECILES ou alors mûrement réfléchies à des fins politiques. Les médias mettent en lumière des phénomènes périphériques qui exacerbent les sensibilités au lieu de participer à la construction du consensus. Même Le Monde du 19 août est tombé dans le panneau du témoignage sans analyse. Jugez sa titraille : "Burkini : Ils veulent qu'on soit invisibles", "Le jour où j'ai mis mon foulard, des voisins ont traversé la rue pour ne pas me saluer". Le journaliste aurait dû prendre le temps d'interroger la génération précédente de Maghrébines ; celles des sexagénaires qui parlent de "régression". Et que dire des médias qui relayent la parole des people ? Des personnages du showbiz sans aucune véritable pratique contemporaine de l'islam, à part Diam's, rappeuse française convertie depuis 2008, donnent leur avis "éclairé" depuis leur bulle sociologiquement homogène. Mais la presse ne peut pas - par essence - laisser le temps au temps.

Dans le cas présent, l'appauvrissement de la réflexion collective est aussi le fait de l'Etat, incapable de pacifier l'espace public en donnant des consignes nationales explicites aux fonctionnaires de l'Education nationale ou de la santé entre autres et de vérifier leur réelle application. En dépit de la décentralisation, il n'y a qu'une France. Les politiques publiques devraient être cohérentes, connues de tous et appliquées de la même manière dans tous les quartiers de France. L'autorité publique devrait régler le parasitage entre la liberté de conscience et le droit des femmes. La judiciarisation galopante à l'Américaine (à but lucratif) ne doit pas prendre le pas sur la nécessité de s'expliquer avant de sanctionner le cas échéant. Le principe général reste de construire l'avenir ensemble.

L'autre responsabilité de l'Etat sur cette question est de ne pas faire émerger la pensée des Français. Il faut être capable de consulter la majorité silencieuse (dont la plupart des Français d'origine musulmane) et parfois de la faire évoluer pour apaiser la société. La démocratie est d'abord la loi du nombre. En revenant aux chiffres correctement analysés, la puissance publique pourrait placer les Français face aux véritables enjeux de société. En somme, mettre l'angoisse au service de l'unité nationale. Mais le veut-on ?

Mon esprit appartient à la femme la plus libre possible. Mon soutien inconditionnel à Tej, Dounia, Shaima et tant d'autres.

L'islam et moi
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article

Archives

Articles récents