Caractère Thruxton

Triton, cocktail Triumph / Northon (île de Man, 2011)

AVERTISSEMENT : Cet article ne traite que de moto. Il s'agit d'un essai de la Triumph Thruxton, modèle 2016.

Si sa forme vous a plu, allez donc jauger la qualité du fond chez Triumph.

Feu rouge suspendu au-dessus du carrefour, juché au milieu des hangars métalliques d'une zone industrielle désertée à cette heure tardive. Les jours sont redevenus longs ; les soirées sont suffisamment lumineuses pour contempler la laideur de ce lieu de peine. Soudain, une note longue et grave attire mon attention. Elle devient pétarade arythmique à mon approche. Une bécane, noire, sobre, magnifique : la Triumph Thruxton 1200. Viril salut, échange d'amabilités puis décollage de l'Anglaise dès l'extinction du voyant vert. Un mirage.

Dès le lendemain, je signais le bon d'essai chez le concessionnaire local. La Thruxton est une néo-vintage de belle facture. L'intégration des éléments modernes à la tradition britannique est réussie. La machine est fine et légère. Main sur l'embrayage, pression sur le démarreur ; le bicylindre s'anime en vibrant doucement. La boîte à vitesses et l'embrayage sont onctieux et précis à la fois. Seul l'accélérateur ride-by-wire ne m'a pas convaincu. Habitué au câble, je l'ai trouvé léger et imprécis, insensible en somme. Des trois modes de cartographie, j'ai choisi le « sport » et j'en ai été ravi. La Thruxton a du coffre. Rouler vite à son guidon requiert toute mon attention. Le couple à bas régime est phénoménal sans compter que les 97 ch font bondir la Triumph. L'antipatinage est d'ailleurs le bienvenu lors des franches accélérations avec un peu d'angle. Le rétrogradage est folklorique parce que, question frein moteur, l'Anglaise se pose en championne, pire qu'un baudet du Poitou mal luné ! A la longue, tout se gère en trouvant le bon rapport qui assure décélération en douceur et vitesse de passage. Le freinage assisté est efficace même s'il manque de poigne à la prise de levier. L'équilibre du châssis est bon mais le train avant n'a pas accru mon capital confiance. La moto reste stable sans aucune vibration parasite. La Thruxton se pilote fingers in the nose à la condition de placer son séant où il faut sur la longue selle plate et d'apprécier la pression de l'air, accroché au guidon droit rehaussé de rétroviseurs ronds.

Le tableau est idyllique ; à une réserve près. J'ai emprunté une petite départementale bosselée à vive allure pour retourner au magasin dans le temps imparti. Je me suis alors offert une séance de rodéo qui m'a fait rendre la main. Je préfère mettre cela sur le compte d'un mauvais réglage de suspension. Tiens, tiens... Triumph propose tout de même un modèle R suspendu par Öhlins.

La Thruxton est une vraie machine de caractère. Dieux, que c'est bon ! Les Hipsters quadras pourront se la jouer loulou à base vitesse sans aucun risque si ce n'est celui de plaire tandis que les connaisseurs sauront réveiller leurs sens en pratiquant l'art de mener une pure mécanique.

Spéciale dédicace de circonstance :

My dear English friends,

Please, prevent Brexit! We need your amazing motorcycles.

God saves the queer!