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BOURDON NIPPON

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La moto rend philosophe - Motorbike is more than a vehicule


Colissimoto !

Publié par Guido sur 10 Mars 2016, 19:00pm

Colissimoto !

PRELIMINAIRE : cet article traite de moto mais aussi de

- la bêtise humaine. Avez-vous conscience de l'immensité de votre propre bêtise ?

- l'ampleur du plaisir que procure l'acte d'achat. La fièvre acheteuse vous possède-t-elle ?

Une nouvelle moto au garage, c'est une nouvelle maîtresse dans sa vie. Ca se choie, ça se gâte, ça impose des frais. Je n'ai eu besoin de personne pour contracter la fièvre acheteuse après l'arrivée de la ZX6R. En trois clics, j'ai affolé les sites de payement en ligne. C'est bien simple. Ma banque ne m'avait jamais envoyé autant de SMS en aussi peu de temps.

En fait, je n'ai pas été dépensier, j'ai été prévoyant. Il aura suffi que je me remémore la liste des pièces décédées en piste ou pendant le remorquage pour transformer en investissement ce qui ne devait être que dépense. Leviers, cale-pieds, carénage ou radiateur ne sont que des offrandes faites aux démons de la vitesse. Et puis, c'est toujours moins cher qu'une rotule en titane ou une prothèse de hanche. Même si l'un n'empêche pas l'autre...

Après le temps des courses en ligne, vient celui de la livraison. Tu attends... Tu vires... Tu tournes tel le roi de la jungle dans sa prison. Tu finis par en rêver. Personnellement, j'ai rêvé que j'humiliais publiquement un pauvre livreur en baissant sa salopette alors qu'il avait les mains encombrés par ma volumineuse commande. Une autre nuit, je courais derrière une camionnette DHL en aboyant. Des manifestations connues du syndrome du délai de livraison.

Et avant-hier, l'antidote est arrivé dans ma boîte aux lettres : un avis de passage. Le facteur était venu pour moi et n'avait pas osé déposer le précieux paquet en mon absence. Ce brave homme me donnait rendez-vous le jour même à son dépôt situé de l'autre côté de la ville. Il est incroyable de constater comment on ment en toute décontraction à son chef de service quand il s'agit de trouver un faux motif pour aller voir ailleurs. 15 heures : ouverture du dépôt. 15 heures et 2 dixièmes : mon arrivée sous une pluie battante après 35 minutes de gymkhana sur le boulevard périphérique. La pièce est blanche de lumière. Personne à part ce petit con qui était parvenu à entrer à 15 heures pile. Heureusement que Guy a brisé le silence qui devenait pesant. Guy, c'est le préposé aux colis qui discute avec sa collègue de l'expédition sur le cas d'un type qui a quarante balais et qui est là pour un moment, je te le dis ; tout ça derrière la cloison. Guy, un gars tranquille pour qui le service clientèle peut bien attendre la fin d'une conversation en monologue. Quarante balais, je te le dis. Après cinq interminables minutes de torture auditive, Guy s'est tu ; a fermé sa gueule. Il est sorti de derrière un panneau vantant la célérité de Chronoposte. Une misère visuelle.

Il a servi le premier client après avoir ajusté ses double-foyers sur son nez d'amateur d'anis. Vient mon tour. J'ai réellement envie de lui mordre l'oreille au moment où sa collègue sauve la situation : « Laisse. Je vais servir Monsieur. ». Vérification de ma pièce d'identité faite ; la voilà partie dans l'arrière-boutique, échafaudage de paquets de tout calibre. Ma caisse de pièces, ma boîte à outils de compét' est à portée de main. Je trépigne derrière le comptoir lorsque j'attends son pas se rapprocher. Elle a sous le bras un tube de carton. Elle tient contre son corps noueux de jeune vieille un cylindre de carton de moins d'un mètre. Serait-on parvenu à réduire un kit de protection et un jeu de commandes reculées à un tel volume ? J'ose un : « Ce n'est pas pour moi.» Elle me dévisage avec toute la morgue de trois siècles d'administration française. Mettre en doute sa compétence, c'est remettre en cause l'histoire nationale. J'ai préféré baisser les yeux.

Je n'ai pas osé ouvrir le paquet devant les autres clients. J'ai couru jusqu'à l'auto. Les gens ont dû croire que j'évitais ainsi les gouttes. Dans l'habitacle souillé de vapeur moite, j'ai déchiré le carton pour découvrir le nouveau manche périscopique de l'aspirateur familial expédié par le SAV. Ô rage. Douche froide.

La délivrance est arrivée deux jours plus tard dans l'arrière-cour d'un tabac-presse de quartier. Mon projet moto s'emballe ou plutôt se déballe.

Colissimoto !
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